1) Comment est né le service de presse de l’armée? Quand? Pourquoi?

 

En 1797, Napoléon Bonaparte invente le communiqué de guerre qui

informait le pays de ses exploits contre les Autrichiens.

Photo: PABvision.com.

Photo: PABvision.com.

2) S’agissait-il de journalistes professionnels? Quel était le matériel utilisé? Combien d’archives datent de la 1ere Guerre mondiale?

 

Non généralement ils n’étaient pas professionnels. Le matériel utilisé était la machine à écrire pour rédiger leurs rapport et des imprimeries pour ce qu’il s’agissait de publier les journaux mais il y avait des difficultés matérielles et le mouvement de concentration.

Le Petit Journal, supplément du dimanche ; [s.n.] (Paris) ; 9 avril 1916 - Source BnF.

Le Petit Journal, supplément du dimanche ; [s.n.] (Paris) ; 9 avril 1916 - Source BnF.

3)Y a t-il censure, bourrage de crâne?

 

Au début de la Grande Guerre, le gouvernement renoue avec la censure. Les patrons de presse acceptent la censure parce que la France entière participe à l'effort de guerre. Cet effort nécessite des sacrifices.

La presse se plie donc à la censure militaire et diplomatique, mais pas à la censure politique. Les journaux ont le droit de critiquer la façon dont le gouvernement conduit la guerre. En revanche, il est interdit d'évoquer les opérations militaires sur le terrain.

Les journaux appliquent ces règles, partant du principe que dévoiler certaines informations pourrait favoriser l'ennemi.

Certains titres de presse sont truffés de mensonges, mais ils ne sont pas si nombreux que ça. Des anciens militaires qui sont invités à analyser la guerre. Chaque quotidien a son expert militaire qui étale sa science.

Albert Londres, un grand journaliste témoigne sur les horreurs de la guerre

Albert Londres, un grand journaliste témoigne sur les horreurs de la guerre

Albert Londres décrit la ville de Lens détruite en 1918 dans le Petit Journal

Albert Londres, né le 1er novembre 1884 à Vichy et mort, le 16 mai 1932 dans le golfe d'Aden (Yémen), dans l'océan Indien, est un journaliste et écrivain français. Depuis 1933, le prix Albert-Londres récompense les meilleurs journalistes francophones. Voici la maxime qui résumait l’idéal de ce professionnel de l’information qui reste une référence pour de nombreux journalistes français:« Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort. »

Plus rien… c’est Lens !

 

(De l’envoyé spécial du Petit Journal.)

Front britannique, 4 octobre.

Lens est fantastique. Il y reste dix-sept fenêtres de rez-de-chaussée, une fenêtre de premier étage, un numéro de rue – un seul, pas deux – le numéro 14, une clochette d’enfant de chœur, un morceau d’enseigne où l’on peut encore lire deux lettres : les lettres S et O, et gisant sur les barbelés, une vieille tenture rouge et blanche. C’est tout.

C’est étonnant. C’est un immense fouillis de bois et de briques. C’est une destruction échevelée, ébouriffée. Lens est aux autres villes ruinées du front ce qu’une forêt vierge est à une forêt domestique. Ce n’est même plus émouvant. Par quoi voulez-vous être ému ? Ce qui émeut, c’est ce que l’on retrouve d’un drame, ce sont les épaves, c’est une poupée à qui pense un enfant, c’est un portrait, c’est le contour des choses qui furent. Ici, plus de contour.

On peut subitement se rappeler et pleurer quand on vous conduit devant le cadavre d’un de vos amis, mais si l’on vous mène devant une urne où sont ses cendres, il vous faudra de la réflexion pour que vous vous sentiez frappé. Ainsi êtes-vous devant Lens.

 

Des petits tas de ruines

 

Vous y entrez par la cité des moulins où, pour commencer, tout est moulu et vous continuez. Plutôt, vous essayez de continuer. Car, pour pénétrer dans Lens, il ne suffit pas d’en avoir le désir, il convient avant tout de posséder du coup d’œil et des membres souples. Ce coup d’œil vous servira à repérer où peuvent bien être les rues et les membres souples à y circuler. Je ne connaissais aucun habitant de Lens. J’ignorais leur caractère, mais s’il en était d’envieux qu’ils cessent de l’être. Cette fois-ci, plus de jaloux, tout est au même niveau. Dans ces villes du pays minier, bâties de corons, pas un toit ne dépassait l’autre. C’est aujourd’hui la même égalité dans la ruine. Le petit tas de ruines d’une maison n’est pas plus haut que le petit tas de ruines d’une autre. Les petits tas sont même identiquement pareils. On croirait qu’au-dessus de ces demeures qui se tiennent tout le long des rues, le même homme est passé et a laissé tomber sur chaque, sans en oublier une, le même poids qui l’a effondrée. Grâce aux rails du tramway, après dix minutes de recherches et d’acrobaties au-dessus d’amas épineux, nous avons découvert ce qui était la rue principale.

 

À la recherche de l’hôtel de ville et de l’église

 

Tâchons de trouver le centre. Nous y sommes, nous dit-on. Dans ces cas-là, les professionnels de ces voyages aux pays des formidables malheurs ont deux points qui les guident : l’église et l’hôtel de ville. Nous avions beau scruter : nous n’apercevions rien. Dans cette même chose chaotique qui fut la grande rue, nous avancions. Nous n’avions pas l’impression d’être dans une ville, même dans une ville affaissée, puisque tout était presque à notre hauteur. Plus rien ne bouchait l’horizon. D’un bout de l’ancienne cité, par-dessus ses restes, nous pouvions voir l’autre bout. Mais voilà un tas de ruines plus haut que les autres et les paris s’ouvrent. Était-ce l’église ? Était-ce l’hôtel de ville ? Impossible de le dire. Mais plus loin voilà un pan de mur qui ne ressemble pas aux autres. Qu’est-ce que cela pouvait être ? Par le soubassement où se voyaient quelques grosses pierres taillées comme l’on taille généralement les soubassements des monuments publics, nous avons décrété que c’était l’hôtel de ville, et par là nous avons reconnu que la petite montagne de briques de tout à l’heure était l’église.

L’égalité dans la ruine, après, s’est rétablie. Lens comptait 35 000 citoyens. Heureusement que la géographie nous l’affirme, sans quoi je vous aurais juré que la ville n’avait jamais été habitée. Il n’y a pas un meuble ; on ne retrouve pas un barreau de chaise, pas un ustensile de ménage. Il ne subsiste plus la moindre petite trace de l’occupation humaine.

La victoire réglera tout ça.

Le Petit Journal, 5 octobre 1918.

 

•	1914-1918 : Société cinématographique et société photographique des armées, tout archiver mais ne pas tout montrer.
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